ARCHEO - MALTE MÉGALITHIQUE
30 archeo tion des constructions mégalithiques – qui par ailleurs reproduit celle des fermes ac- tuelles – pensait que les monuments préhi- storiques étaient des lieux de culte propres à une « religion mégalithique ». Les monu- ments étaient, peut-être, gérés par des chefs de familles nobles, comme on a pu l’observer dans l’Europe médiévale. En 1973, l’archéologue britannique Colin Renfrew, en développant en partie les idées de Childe, a comparé les données sur Malte aux informations ethno-historiques issues de la société de l’île de Pâques d’a- vant le contact avec les occidentaux. A Malte il y aurait eu six villages principaux, chacun d’environ 2000 habitants, qui coordonnaient leur propre force de travail à travers des grands cycles rituels soutenus par des redistr ibutions cérémoniales de nourriture et de boissons, dans le but de commémorer le souvenir des prestigieux ancêtres de chaque lignage . LES SIGNES DE LA CRISE Les derniers fouilleurs des ensembles sacrés maltais suggèrent qu’une clé importante de lecture se trouve dans les modalités mêmes de leur destruction. Ils pensent à un pro- cessus de croissance démographique conti- nue, accompagné par le développement parallèle d’une culture matérielle de plus en plus complexe et élaborée. Les tensions sociales et les correspondantes mesures de contrôle hiérarchique, se seraient ampli- fiées au fur et à mesure que les ressources alimentaires – céréales, légumes et animaux domestiques – commençaient à manquer. Une crise croissante qui se produisait dans un écosystème fragile et inévitablement en état de déséquilibre déjà à partir du pre- mier impact du Néolithique, Les imposantes constructions, exactement comme les statuettes aux traits corpulents, pourraient exprimer l’aspiration des habitants de l’île à l’abondance et à la prospérité dans une période de pénurie croissante. Finale- ment, la seule ressource qui augmentait, au lieu de se restreindre, était la force de travail, qui, dans une certaine mesure, pouvait conti- nuer à être exploitée. Le développement des arts figuratifs dans les édifices plus tardifs (dans la phase de Tarxien) serait l’expression terminale du rôle traditionnel des temples et des rituels funéraires dans la gestion et le contrôle des conflits sociaux. S’agit-il d’hypothèses impossibles à démon- trer ? Pas tout à fait. Nous pouvons penser que, si les ressources traditionnelles du Néo- lithique commençaient à manquer, les maltais auraient pu faire un usage croissant de res- sources alimentaires d’origine sauvage (oi- seaux, poissons et mollusques) : eh bien, ni dans les cumuls d’ossements animaux re- trouvés lors des récentes fouilles du cercle de Reconstitution hypothétique d’une scène à l’intérieur du temple de Tarxien, avec la statue colossale de la « Grande déesse » ( voir p. 6 ).
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