ARCHEO - MALTE MÉGALITHIQUE

34 archeo avoir distendu et rendu plus épisodique les contacts avec l’archipel maltais ; la grande capitale méditerranéenne déplaçant son cen- tre d’intérêt plus à l’ouest, en direction des côtes espagnoles. De la période punique de l’archipel (Ve-IIIe siècle av. J.-C. environ) ils nous restent les phases correspondantes d’occupation du san- ctuaire de Tag Silg, pendant lesquelles le culte d’Astarté est côtoyé par celui de Héra, comme en témoignent des objets et des monnaies importés de la Sicile grecque et de l’Égypte des Ptolémes. Ils nous restent égale- ment les vestiges de quelques fermes, l’aire sacrée de Ras-il-Wardija à Gozo et enfin de nombreuses tombes creusées dans la roche un peu partout dans l’île et particulièrement autour de Rabat et de Grand Harbour. LA VENUE DE PAUL L’APOTRE La période punique a pris fin en 218 av. J.-C. (au début de la deuxième guerre punique) lorsque les troupes romaines conduites par Tiberius Sempronius Longus ont facilement pris le dessus sur les 2000 soldats laissés par Carthage en défense de l’archipel. À l’épo- que romaine, la vie à Malte, continue dans le centre de Melita (à côté de l’actuelle Mdina- Rabat) et à Gozo (l’actuelle Rabat, centre urbain de l’île). A Mdina-Rabat on a re- trouvé les vestiges d’une grande résidence aristocratique (Ier siècle av. J.-C.) dotée d’un péristyle en style dorique et de sols recou- verts de splendides mosaïques polychromes. De précieuses mosaïques embellissaient éga- lement les thermes de Ghian Tuffieha (IIe siècle après J.-C.), peu éloignés de la baie Ci dessus : le temple de Haqar Qim sous la structure de protection à la lumière des premières heures du matin. Dans la page de droite, en haut : l’entrée du Musée National d’Archéologie à Republic Street de La Valette. Dans la même page en bas : la « Femme endormie » dans sa vitrine au Musée National d’Archéologie. DES TEMPLES SOUS COUVERT Depuis le printems 2010, les deux grands temples de Hagar Qim et Mnajdra (déclarés Patrimoine de l’UNESCO en 1992) ont été entièrement recouverts par une grande structure en « membrane » dans le but de protéger les structures mégalithiques de l’action corrosive des agents atmosphériques (action accentuée aussi par la localisation des deux ensembles sur la côte sud-ouest de Malte, à coté de la mer). Jusqu’à leur découverte en 1839, les deux temples étaient restés enfouis pendant des milliers d’années et ainsi ils ont été protégés de toute dégradation. La décision, suite aux examens effectués par un comité scientifique qui, en 2000 avait élaboré un projet de protection et de conservation interprétative du site en respectant les standards établis par l’UNESCO, a soulevé des objections, qui ont toutefois été oubliées une fois les travaux achevés. A partir des années 80 du siècle dernier, j’ai visité le site de Hagar Qim et Mnajdra à plusieurs reprises et récemment j’ai pu découvrir le nouvel aménagement. Mon jugement est globalement positif. Le « grand toit », loin d’apparaître simplement comme un élément « intrusif » et par conséquent dérangeant, exerce une fonction ... ancienne ; il restitue aux espaces mégalithiques un sens de recueillement, d’intimité silencieuse qui caractérisait l’état originaire des monuments (qui, rappelons-le étaient couverts par un toit). Cet effet était vraisemblablement prévu et recherché par les anciens concepteurs des monuments. Et d’ailleurs, les visiteurs actuels, souvent irrespectueusement bruyants, sont amenés à parcourir les lieux dans un climat de concentration et de respect. Par ailleurs, comme me l’a fait remarquer Daniel Cilia, l’auteur des images de cet article ainsi que grand connaisseur de la réalité archéologique maltaise, les nouvelles structures ne sont pas en contact direct avec les ruines. De plus, si la fonction des structures se révélait inadaptée ou était considérée dépassée elles pourraient être enlevées à tout moment. Andreas M. Steiner

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